Transhumance des ruches sur palettes avec un élévateur. Avec la rotation de la terre, la lumière du soleil apparaît. En haut à droite la lune quant à elle disparaît. Les ruches trop faibles pour être emmenées en pollinisation sont laissées sur place. |
Quand, comment faire pour déplacer les colonies d'abeilles, pour les transhumer ? Tout d'abord tout le monde (à peu près) sait qu'il faut les déplacer de plus de trois kilomètres (minimum) afin que les butineuses ne retrouvent pas leur ancien emplacement. Si l'on y réfléchit bien, une butineuse "déplacée" qui va explorer un champ à 1,5 Kilomètre se retrouve potentiellement à 1,5 kilomètre de son ancien emplacement... c'est peu. Pas de déplacements hivernaux ou plutôt comme me le fait très justement remarquer un collègue apiculteur : pas de transhumance lorsque l'essaim forme une grappe (moyen que la colonie utilise pour contrer le froid ambiant). Il est donc sûrement possible de déplacer des ruches par des températures de l'ordre de 10°, mais je crois qu'il serait prudent que cela se réalise durant une période (et non pas une unique journée) de relative douceur. Les abeilles prendront plus aisément leurs nouveaux repères vers leur repaire (la ruche) sans risque de pertes lors des vols d'orientations (les abeilles d'hiver sont des plus précieuses...). Il convient d'aller chercher les ruches à un moment où les abeilles sont toutes rentrées au bercail. C'est-à-dire de la tombée de la nuit jusqu'au petit matin de bonne heure (et de bonne humeur), mais aussi éventuellement dans la journée s'il pleut ou que le temps est franchement maussade. On peut d'ailleurs, pour des cas particuliers, déplacer des colonies en pleine belle journée : lorsque nous voulons à tout prix affaiblir une colonie qui s'apprête à essaimer ou encore avant l'introduction d'une reine en cage ; dans ce cas toujours laisser en place une ou plusieurs colonies pour capter les butineuses dès leur retour des champs. Alors, fermées ou non ? C'est selon. En fait le point primordial réside dans une bonne analyse de la situation dans laquelle se trouvent les colonies : quelle température fait-il ? Quelle température va-t-il faire durant le voyage ? auront-elles des apports d'air (pas trop) frais ? Les ruches sont-elles populeuses ? Ont-elles encore beaucoup de place ? Ont-elles des hausses vides ? Les ruches ont-elles des fonds grillagés ? Certains fonds sont-ils obstrués de propolis ? S'agit-il de ruches neuves, peintes ou "parafinées" ? Quelle est la durée du voyage ? Et surtout, point essentiel à mon avis : y a-t-il dans la ruche du nectar chargé en eau que les abeilles voudraient évacuer ? car elles ne supportent absolument pas de ne pouvoir éliminer l'excès d'eau contenue dans le nectar présent dans leur jabot et leurs rayons. La sanction pour l'apiculteur en cas de mauvaise stratégie étant la mort de la colonie par effondrement des rayons (surchauffe) en une masse gluante et triste (ce qui nous est rarement arrivé heureusement). Pour le transport sur le plateau, nous préférons obturer les entrées de nos ruches pourvues de fonds grillagés, ce, au moyen de bandes de "mousse". Pour le fourgon c'est selon... Le chargement terminé, les ruches sont sanglées. Le jour se lève et malgré une température ambiante de quatre degrés, au sol une gelée blanche a fait son apparition. Le voyage n'était pas long, tout va bien ; mais le risque par des températures basses est le refroidissement (et donc la mort) d'une partie du couvain pour des colonies soumises longtemps à une entrée d'air froid trop importante par le grillage (sur un véhicule à plateau), les abeilles ayant alors tendance à former une grappe, un peu comme en hiver. Sans attendre, dès l'arrivée à destination, déchargement des ruches dans ce champ de colza semences. Ne reste plus qu'à les libérer en retirant les bandes de "mousse". Même si certains chargements semblent "acrobatiques", les sangles assurent un bon maintien de ceux-ci. Nous avons pour volonté de toujours respecter la charge utile du véhicule, ce que nous ne pouvons transporter en une fois, nous le ferons en deux... et on ne s'en portera pas plus mal. En pleine journée pluvieuse, transhumance dans les vergers de poiriers. On aperçoit la bande de "mousse". Notez bien la technique de transport individuel au moyen des larges poignées métalliques : ruche basculée, bras au plus près du corps, angle du toit en appui sur la ceinture abdominale. Pas de panique, tout va bien pour les abeilles ! Bien mieux évidemment : à deux bonshommes, un de chaque côté. |