Couvain sain Couvain sain |
La loque Européenne est une maladie bactérienne du couvain. Autrefois appelée "loque bénigne" (par opposition à la loque Américaine),
cette appellation n'est à mon avis désormais plus fondée car la maladie
peut être qualifiée aujourd'hui (elle aussi) de maligne*. Il n'est
plus temps de considérer que la seule carence en protéines est
la cause du développement de Melissococus pluton
(agent causal). Dès l'apparition des premiers signes cliniques il
convient d'agir de façon énergique en éliminant au maximum les risques
de rechute, se poser avant tout cette question sur la colonie :
peut-elle être sauvée ? Si oui, procéder à un transvasement de celle-ci
dans du
matériel non contaminé (élimination des cadres), mieux encore : changer
la reine. Procéder ensuite à une désinfection adaptée du matériel.
Le recours aux antibiotiques n'est plus de mise aujourd'hui pour deux
raisons dont chacune est suffisante à elle seule : d'une part l'action
des antibiotiques ne parviendrait qu'à masquer provisoirement le
développement de la maladie, d'autre part il pourrait y avoir des
résidus de médicaments qui persisteraient dans la ruche. Aspect typique d'un cadre atteint par la maladie : entourées de ronds rouges des larves en début d'attaque (agent causal : melissococus pluton), elles ont commencé à s'effondrer ; entourées de ronds verts des cellules contenant une bouillie dans laquelle des germes secondaires se sont développés (Lactobacillus eurydice, Paenibacillus alvei, Paenibacillus apiarius,...) à ce stade il est même possible de ne plus retrouver melissococus pluton... On remarquera que la maladie touche le couvain ouvert, il n'est pas possible d'étirer un long filament par "le test de l'allumette" comme dans le cas de la loque américaine. C'est au moment du nourrissage du couvain que les abeilles contaminent les jeunes larves (dans les 48 premières heures). Dans les deux photos qui suivent on peut voir l'aspect d'un couvain sain : les larves y sont blanches, bien formées. Attention : on peut trouver des larves mortes à "l'aspect loque Européenne" sans pour autant que cela en soit... le diagnostic reste difficile. Il est notamment possible de faire confusion avec une maladie virale qui touche également les jeunes larves : le couvain sacciforme. Des colonies à l'aspect indemne lors d'une visite peuvent se révéler infectées quelques semaines plus tard. La plus grande vigilance est de rigueur dans l'observation du couvain au fil de la saison car des ruches fortes et débordantes de vitalité peuvent contenir quelques cellules infectées. On peut se poser des questions dans ce cas : - Qu'en est-il du système immunitaire des abeilles ? - Sont-elles affaiblies ? - Sont-elles victimes d'une désorganisation sociale ? - Quelle est la qualité de la bouillie larvaire ? - La bouillie larvaire contient-elle toujours les substances antiseptiques naturellement présentes ? - La bouillie larvaire contient-elle des bactéries ? - Y a-t-il des réservoirs de bactéries dans l'environnement ? (sol, eau, autres ruches, végétation,...) - Et enfin (et surtout) quelles en sont les causes premières ? Aux scientifiques d'apporter les réponses, en tant qu'apiculteurs, il est de notre ressort d'alerter sur le développement de cette pathologie, d'aider nos collègues à la reconnaître et d'en évaluer l'impact sanitaire et donc économique. * Peut-être parce que l'agent causal est devenu plus pathogène ou parce que son caractère opportuniste s'exprime plus (+) dans un environnement "dégradé". Reste à définir les dégradations en cause dans le développement de cette pathologie. Merci à Yves pour la relecture de cette page... |