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L'abeille butineuse fait dans le travail spécialisé : lorsqu'elle exécute une tâche elle n'a de cesse de la reproduire afin d'optimiser son labeur. C'est cette raison qui la pousse à ne jamais changer d'espèce de fleur au cours d'une sortie de collecte de nectar (elle reste fidèle à une espèce de fleur aussi longtemps que celle-ci demeure nectarifère). Je suis navré si j'écorne un peu l'image que certains amoureux de la nature se faisaient quant au butinage des abeilles : non elles ne vagabondent pas nonchalamment, allant d'une fleur d'aubépine à celle d'une jacinthe des bois, en passant par une stellaire (ce serait d'ailleurs une catastrophe pour la pollinisation !). Désolé, mais l'abeille fait partie de la classe laborieuse, son temps est trop précieux pour être dilapidé en promenades futiles. Pour autant, ce n'est pas vraiment du travail à la chaîne, on n'est pas à l'usine mais à la campagne !

Le butinage de la digitale fournit un bon exemple de cette spécialisation à outrance.


Du fait de leur configuration, les corolles de cette plante sont très peu visitées par les abeilles. La profondeur à atteindre, la présence de nombreux poils, rendent l'accès au nectar très compliqué.





J'ai cependant pu identifier quatre voies d'accès possible pour nos abeilles et j'ai pu constater qu'une butineuse ayant "mis au point" un stratagème pour récolter le précieux nectar, celle-ci poursuivait sans relâche suivant la même technique, délaissant les autres voies d'accès ; une vraie spécialisation qui va bien au delà du maintien sur une seule variété de fleur.






- Il y a les abeilles qui insistent pour pénétrer par les corolles : bloquées avant d'atteindre le fond, elles parviennent toutefois à récupérer un peu de nectar qui perle le long de la paroi.















- Il y a les abeilles qui ne s'occupent que des fleurs fanées, elles ont compris que la dessiccation aidant, elles peuvent atteindre le nectar en insérant leur trompe entre les sépales.

























- Il y a celles qui s'occupent des calices ayant perdu leur corolle. A ce stade, la fleur est fécondée mais il reste encore un peu de nectar pour quelques heures. On notera qu'elles ont tout compris : un calice ce n'est rien d'autre qu'une coupe dans laquelle on peut boire.






























- Une fois le terme de la floraison échu pour certaines fleurs, il y a des abeilles qui s'occupent des corolles fanées qui ont chu à l'aplomb sur le sol et la végétation. A la base de ces fleurs qui sont "déchues" il y a apparemment un peu de nectar qui persiste, en tout cas suffisamment pour cette spécialiste ! On peut également observer ce phénomène sur les fleurs du sophora.

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