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Un cadre de corps bien équilibré, avec du couvain mais aussi des réserves de pollen et de miel à proximité.


En haut : du miel operculé en réserve ; au milieu : du miel en cellules ouvertes, immédiatement disponible ; en bas : les réserves de pollen.


Une colonie morte de faim, cette belle colonie n'avait pas assez de réserves de sucre pour "tenir" tout au long de la saison froide. C'est une  erreur de l'apiculteur qui n'a pas su réaliser le nourrissage  adéquat  à l'automne (mea culpa).


En hiver, cette colonie est morte de froid et de faim car elle était beaucoup trop faible pour maintenir au centre de sa petite grappe une température suffisante. A cela s'est conjuguée l'impossibilité d'aller puiser dans les réserves de miel trop éloignées. On voit quelques abeilles enfoncées dans les cellules, symptômes typiques des abeilles ayant épuisé leurs réserves énergétiques internes. On voit également la petite grappe serrée qui jusqu'au bout a tenté de conserver un peu de chaleur. Il n'y a malheureusement pas grand chose à faire dans ce cas, il faut donc à tout prix éviter d'avoir des colonies trop faibles à l'automne.

Un proverbe chinois dit ceci : "Donne un poisson à quelqu'un qui a faim, il se nourrira une journée, apprends-lui à pêcher, il se nourrira toute sa vie".
La nourriture, les réserves en nourriture, vaste sujet !
Nourrir pour maintenir en vie, nourrir pour stimuler...
Je commencerai par des propos évidents pour tous, pour me diriger vers des réflexions plus personnelles et peut-être moins universellement partagées.

En tant qu'organisme vivant, l'abeille a besoin d'énergie pour assurer ses fonctions vitales. Elle "puise" les calories qui lui sont nécessaires dans le sucre qu'elle assimile (miel, nectar, autres éléments sucrés). Si le "carburant" que constitue les hydrates de carbone n'est plus disponible, certains de ses organes (muscles, cerveau,...) diminuent leur métabolisme, la température interne de l'abeille tend vers celle extérieure, puis c'est la mort.
En tout état de cause les abeilles n'ont pas obligatoirement besoin d'un apiculteur pour survivre. Les provisions de miel qu'elles  stockent leur permettent en principe d'assurer la jonction des réserves nécessaires entre les périodes d'abondance. Toutefois, ce n'est vrai qu'en théorie car plusieurs facteurs (pas le postier) déterminants vont influencer la capacité de la colonie à survivre en cas de disette :

 - La race : il existe de grandes disparités de stockage de miel dans le corps (grandes différences de poids des corps de ruche). Certaines races semblent "prudentes" et emmagasinent beaucoup (la noire), d'autres sont de vraies cigales et font fi des jours de disette (l'italienne) (des différences également à l'intérieur même d'une race...). Ajoutons que plus importante sera la population, plus grande sera la consommation le jour venu (la revanche du modeste).

 - Les "rencontres" mellifères de la colonie au cours de l'année : certaines floraisons sont connues pour pousser les abeilles au stockage massif dans le corps (le tournesol, le lierre...). A contrario d'autres fleurs vont fournir un nectar qui sera vite consommé (l'acacia...).

 - Le volume disponible : il est évident que plus il sera important, plus il pourra y avoir stockage. (une Dadant 12 cadres est à peu près deux fois plus volumineuse qu'une langstroth, quant à la Warré...).

En Vendée, nous avons deux périodes critiques pour nos colonies :

 - En fin d'hiver : lorsque les beaux jours tardent à venir, certaines ruches ont épuisé leurs réserves d'automne. Des colonies peuvent également mourir de faim car le froid vif présent autour de la grappe interdit l'accès des abeilles aux cadres les plus éloignés (pourtant garnis de miel !). Parfois, c'est l'eau indispensable pour liquéfier le miel très cristallisé qui fait défaut.

 - Au mois de juin : après la récolte du colza, certaines ruches sont bondées de couvain et d'abeilles. Si le temps n'est pas propice à la récolte du nectar nécessaire à la survie de la colonie (en "flux tendu") en quelques jours celle-ci peu s'effondrer et périr (les plus populeuses, les plus belles...).

Le rôle de l'apiculteur consiste donc à s'assurer que ses colonies ne manquent jamais de nourriture disponible. C'est pour cela que nous laissons toujours le miel présent dans les cadres de corps et que nous n'hésitons pas en dehors des périodes de miellées (hors présence des hausses) à apporter un sirop de sucre (sucre + eau) pour sustenter nos abeilles dès que nécessaire. Le sucre ayant l'énorme avantage de ne pas apporter de maladies spécifiques aux abeilles au travers des apports de provisions (comme pourrait le faire le miel). Nous appliquons un principe très simple : il faut nourrir aussi peu que possible et autant que nécessaire. L'apport massif de sirop de sucre n'étant pas forcément toujours judicieux car un phénomène de blocage de ponte peut se produire ; on peut signaler aussi que le fait de devoir récupérer et stocker le sirop contribue malheureusement au vieillissement des abeilles (ce pourquoi il vaut mieux faire stocker par les abeilles de fin d'été). On observe donc les cadres et on soupèse les ruches en utilisant la technique du "pifomètre" (méthode ne répondant pas aux normes européennes), les ruches doivent êtres "raisonnablement lourdes" à l'automne. Je ne me hasarderais pas à donner un poids d'hivernage à respecter pour une ruche, je préfère vous expliquer le principe du nourrissage...

Pour les nouveaux essaims, nous pratiquons un nourrissage spéculatif qui a pour but d'assurer à ces jeunes colonies un développement régulier (ponte, production de cire...) quelles que soient les conditions climatiques rencontrées. On retrouve aussi parfois ce principe dans des nourrissages en toute fin d'hiver, dans le but d'assurer un bon redémarrage de la ponte de la reine.



















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