> petites
et grandes histoires > du panache de père en fils   Ce jour-là j'ai bien cru que cette grenouille qui se promenait dans mon rucher n'était autre que la réincarnation du maître des amphibiens ! |
Avec un nom pareil, Mr Rostand (1894/1977), Jean de son prénom, se devait de réussir une vie hors du commun. Il a donc été fidèle au proverbe "tel père, tel fils ! " (le père et le fils sont similaires) en héritant des qualités littéraires du célèbre auteur de "Cyrano de Bergerac". Il a de même suivi sa propre destinée, fidèle (dans la forme, mais pas dans le fond !) à cet autre proverbe pourtant contradictoire avec le premier : "à père avare, fils prodigue" (le père et le fils se distinguent). Sa destinée, à lui, c'était de devenir un très grand biologiste, un académicien soucieux de toujours confronter ses idées à celles de ses connaissances (au sens de collègues...) ; ainsi de ces après-midi d'échanges entre savants dans son salon de Ville-d'Avray, confortablement installé une pipe à la bouche (pas indispensable à la réflexion...). C'est à l'âge de 10 ans qu'il découvrit sa vocation en dévorant l'œuvre du célèbre entomologiste Jean-Henri Favre (1823/1915). Au gré de ses recherches, de ses études, il s'intéressera principalement à un des pans les plus complexes de la biologie : l'hérédité (notamment chez les batraciens, sa "spécialité"). Ses travaux sur la conservation de la semence vont le conduire tout naturellement à étudier le cas singulier de l'abeille domestique (ndlr : et autres insectes), car chez la reine de cette espèce, les gamètes de multiples mâles sont conservées et viables pendant plusieurs années, à l'intérieur même de la reine. Il s'intéressera également à la parthénogénèse qui concerne les faux-bourdons (la genèse unie parentale). On peut dire toutefois qu'il est toujours resté très "méfiant" dans ses travaux pratiques d'approche de l'abeille mellifica. Refusant par exemple d'héberger une ruche dans son jardin, décision dictée sans doute par son caractère paisible et prudent (il s'opposera à la peine de mort ainsi qu'à l'arme nucléaire). Grenouilles et autres crapauds offraient sûrement une approche plus sereine à cet homme pacifique qui voyait déjà loin dans l'évolution future de la société ; il disait par exemple : « La science a fait de nous des Dieux, avant même que nous méritions d'être des Hommes. ». Quel panache ! Mr Rostand, vous aviez mille fois raison et pour votre remarquable vision de l'humanité ; pour votre humanité, je vous salue bien bas ! |