Le texte qui suit a été rédigé par Michel HAYREAUD, figure de l'apiculture Vendéenne, homme de grande sagesse. Michel est gardien prodigue d'une foultitude d'anecdotes apicoles acquises au fil de sa vie, à l'écoute des abeilles et des hommes ; c'est aussi un maître conteur.


    A la dernière assemblée de l'Abeille Vendéenne Michel Texier m'a dit : " tu as bien connu mon papa Armand ; j'aurais plaisir à te lire ".
    Mes premières occasions de rencontres ont eu lieu dans les années 1940 au cours des réunions de JAC (Jeunesse Agricole Catholique) nous avions 15 ans ...
    Sans aucun doute ces réunions de mouvement nous donnaient l'occasion de parler des abeilles ... et j'ai dû lui raconter comment on m'avait offert un essaim et partager avec lui la fierté d'avoir ma première ruche ...
    Une autre occasion de nous rencontrer s'est établie avec les réunions de " l'Abeille Vendéenne" et j'ai en mémoire une des toutes premières qui se tenait à Ste Hermine dans une prairie sur les bords de la rivière "Smagne" ; on s'y rendait à bicyclette et on pique-niquait sur place, "c'était la triste période de l'occupation" ; le président Edgard Rimbaud avait le souci d'un ordre du jour qui intéressait les apiculteurs amateurs comme les professionnels et je me souviens d'un échange avec Armand lors de la discussion sur le prix de vente du miel à l'égal du prix du beurre ! ...
    J'ai été invité par Armand à découvrir ses ruchers et aussi son travail de " Feuillardier" ; nous avions un point commun pour parler du bois de châtaignier. Armand façonnait les jeunes pousses pour en faire des cercles de barriques et moi je travaillais l'hiver à couper les tiges de châtaignier de sept ans pour en faire des fagots de six - douze où 24 tiges, selon la grosseur, pour fabriquer des "BOUCHOTS" mot poitevin selon le "Petit Robert" qui désigne les clôtures de bois sur les bords de la mer servant à la culture des moules ; notre production était achetée par un "Bouchoteur" de la Faute sur mer.
    Armand et moi avions plaisir à nous retrouver pour alimenter des conversations : Famille - Travail - Abeilles - en réunions le plus souvent - mais aussi avec son épouse - il aimait accueillir chez lui - et j'ai toujours disponible chez moi une ruchette grillagée qu'il m'a offerte ; je lui avais acheté quelques essaims et une fois enruchés je devais lui retourner les ruchettes vides, en partant de la Roche sur Yon vers Amboise pour une réunion de travail ; j'avais dû le prévenir de mon passage, j'avais avec moi un médecin Canadien et son épouse et Armand m'a dit : " à l'heure où vous partez, faites moi le plaisir de venir pour le petit déjeuner chez nous" - ce qui fut réalisé à la grande joie de nous tous - et au départ il m'a remis dans le coffre de ma voiture une ruchette qui m'a servi de nombreuses fois ! ...
    J'ai le compte rendu de l'Assemblée Générale de l'Abeille Vendéenne du 10 juillet 1955 qui fait état de mon entrée au conseil d'administration ; Armand était dans le coup pour proposer ma candidature et le président Edgard Rimbaud m'a dit : " Faites moi le plaisir d'accepter que j'arrose votre élection chez moi à la "Villa les Avettes" aux Sables d'olonne"  et j'ai le souvenir de ce joyeux moment entre amis, dont Armand, dans une cave où plusieurs demi barriques laissaient échapper un parfum d'hydromel en fermentation ! ... ce jour là on avait dégusté avec modération et beaucoup de conversations.
    Ce qui m'amène à rappeler que Armand avait comme nous tous bien apprécié cette fin de journée d'assemblée générale, et Armand a eu l'idée de proposer à quelques amis dont j'étais, de nous retrouver à peu de distance du lieu des réunions, sur une aire de repos. J'ai plaisir à évoquer ces souvenirs - on se retrouvait à six ... ainsi on pouvait commenter la tenue de la réunion - échanger entre nous des moments avec les abeilles et aussi des "trucs" pour bien répondre aux exigences de ces fines mouches. Cette réunion complémentaire pour ce groupe d'amis permettait d'apprécier l'hydromel fabriqué par chacun d'entre nous.
    Armand Texier et son épouse ont su éveiller leurs enfants aux valeurs relationnelles, qu'ils ont adoptées très jeunes. Armand a laissé un grand vide dans sa famille, ressenti également par ses nombreux amis qui aimaient le rencontrer "aux Noyers".
    Michel,  Jean Bernard et Nelly savent accueillir aujourd'hui comme cela se faisait avec Papa et maman : c'était le 17 avril dernier (2011) (voir journal Ouest France), ils ouvraient grandes leurs portes pour faire découvrir : tout l'art de faire du miel ... de la ruche au pot.

                                                                                                           
                                                                                                                             Michel Hayreaud
                                                                                                                      Le 23 mai 2011    .     Amitiés