> petites et grandes histoires > les caméras automatiques : un nouvel outil pour les apiculteurs

 

------------

Les caméras automatiques : un nouvel outil pour les apiculteurs.

     "Cela fait bien longtemps que je n’ai pas eu de dégradations dans mes ruchers. Quelques années auparavant, j’avais eu des problèmes de vandalisme sur plusieurs emplacements (voir photo), probablement des personnes désœuvrées qui prenaient plaisir en fracassant mes ruches à coup de pare-choc à la tombée de la nuit.
    A cette époque, j’avais eu recours aux services de la Gendarmerie Royale du Canada qui vint immédiatement sur place pour mener  son enquête sans hélas trouver quoi que ce soit d’intéressant, aucune trace de pneu dans la boue, pas d’éraflure suspecte sur les hausses cassées et encore moins de trace de peinture qui aurait pu nous orienter vers de quelconques suspects. Bref !!! Aucune preuve !!!
    Ces évènements regrettables arrivaient généralement le samedi soir après les fameuses « parties » du samedi soir dans la salle des fêtes locale. Pendant ces soirées, les gens boivent bien souvent plus que raisonnablement et finissent leurs soirées en parcourant les routes de gravier de nuit, loin des policiers qui patrouillent sur les routes pavées. Habituellement, ces problèmes de vandalisme ont lieu l’été lorsque les ruches sont très hautes, elles sont  donc particulièrement visibles depuis la route. En approchant des ruches dans le noir, les occupants de la voiture ferment les fenêtres pour ne pas se faire piquer, le véhicule est positionné devant les ruches puis le conducteur appuie sur l’accélérateur de manière à percuter les ruches gratte-ciel assez violemment pour faire tomber toutes les hausses en même temps.
    J’ai  constaté ce genre de problèmes 4 années d’affilée. La plupart du temps, je ne me rendais compte du problème que quelques jours plus tard  lorsqu’un sympathique voisin me téléphonait après avoir remarqué quelque chose d’anormal au niveau des ruches. Quand les ruches sont cachées dans les bois, le temps de réaction peut être beaucoup plus long car nous ne visitons les ruches que tous les 10 ou 12 jours. Si les dégradations ont lieu le lendemain de notre visite par exemple, il peut se passer 10 jours avant que nous ne nous apercevions du problème. Après quelque temps à terre, les abeilles commencent à piller les piles de hausse, la pluie mouille  tout le matériel ainsi que les cadres de couvain et même si les abeilles récupèrent une partie du miel dans les ruches voisines, les ruches cassées sont définitivement perdues, c’est une perte totale !!

     Quatre années de suite, je n’ai jamais été capable d’attraper les responsables. Heureusement, depuis 2007, les choses ont radicalement changé puisque tout est redevenu calme, les « destructeurs de ruches » ayant probablement déménagé en ville pour trouver un travail ou continuer leurs études. Tout allait bien jusqu’à l’année dernière où je me suis rendu compte que quelqu’un était venu sur un de mes emplacements pour me dérober des pièges à moufette flambants neufs. Les trappes à moufette étaient installées à côté des ruches et n’étaient absolument pas visibles de l’extérieur, le voleur est donc venu à pied sur l’emplacement et s’est tranquillement promené autour des ruches probablement à la tombée de la nuit pour ne pas être dérangé par les abeilles, il est tombé sur mes pièges à moufette et les a tout simplement « subtilisés ». Je venais d’acheter ces trappes suite à de nombreuses dégradations de ce charmant animal, les trappes étaient donc neuves et coûtaient 80 $ l’une, soit une perte totale de 160$, un véritable crève-cœur et beaucoup de frustration !!!

     Devant ce sentiment d’impuissance, j’ai immédiatement réagi et  je suis allé acheter deux caméras automatiques au magasin « Cabella’s » à Winnipeg, un véritable supermarché de la chasse et de la pêche. Ces caméras sont habituellement utilisées pour localiser la faune sur les chemins de forêt et faire des comptages d’animaux. Elles coûtent environ 200$ pièce. Je décidais de les installer sur différents emplacements de manière périodique pour pouvoir  couvrir le maximum d’emplacements possible, le but étant de faire une photo du voleur en flagrant délit, j’achetais par la même occasion un autre piège à moufette que j’installais exactement au même endroit, pensant avoir affaire à un « trappeur local » intéressé uniquement par les pièges. Les caméras furent installées à environ 8 pieds de hauteur juste en face des ruches et du piège à moufette. A cette hauteur, il est très difficile de localiser la caméra car habituellement les gens regardent autour d’eux à hauteur des yeux et non pas à 8 pieds de haut. A noter que ces caméras sont très efficaces dans le noir puisqu’elles utilisent un système infrarouge absolument invisible pour prendre des photos la nuit. N’importe quel animal ou « voleur » se présentant devant la caméra allaient être pris en photo, j’étais vraiment content de moi !!! Après une semaine de réglage laborieux, tout était fin prêt pour la « capture du voleur ».

      Presque en même temps, nous avons commencé à avoir de sérieux problèmes avec un ours qui détruisait nos ruches à une dizaine de kilomètres de là. Cet ours allait d’emplacement en emplacement en suivant l’odeur du miel. Il faut dire que quand le pissenlit fleurit, l’odeur du miel qui sort des ruches est vraiment puissante et lorsque vous marchez autour des ruches en soirée, vous pouvez sentir le parfum très facilement. Quand les abeilles commencent à ventiler leur récolte de la journée et s’il y a du vent, le parfum qui sort des ruches peut se propager très rapidement à des kilomètres à la ronde. Si un ours passe dans le secteur au même moment, il y a de forte chance pour que cette odeur l’attire, c’est ce qui nous est arrivé à plusieurs reprises !!! Pendant une semaine, nous avons trouvé chaque matin des ruches cassées sur 5 emplacements différents.  En 5 jours, cet ours a détruit 21 ruches et renversé 14 autres colonies. 


Très rapidement, je décidais de demander l’assistance des services de « Manitoba Conservation » pour solutionner le problème. En très peu de temps, deux pièges à ours furent installés à des endroits différents pour capturer la « bête ». Des patrouilles nocturnes furent également mises en place avec des hommes armés mais personne ne vit jamais cet ours, celui-ci faisant des dégâts au nord quand nous étions au sud et vice versa. C’était vraiment dur à vivre et j’avais beaucoup de mal à m’endormir car je me demandais à chaque fois quels dégâts j’allais trouver le lendemain matin. Pendant cette semaine là, je n’ai absolument pas eu le temps de m’occuper de mes caméras car je passais mes journées à récupérer du matériel cassé et à sauver les colonies qui avaient survécu aux attaques de l’ours. Après 3 jours d’efforts acharnés, les gardes de « Manitoba Conservation » décidèrent d’arrêter les patrouilles et m’autorisèrent à organiser moi-même la traque de l’animal avec des chasseurs locaux. La traque ne fût pas longue à organiser car de nombreux volontaires se proposèrent pour venir tuer l’ours, dans le même temps les attaques commencèrent à diminuer, l’ours étant probablement rassasié. Trois nuits de suite, nous avons parcouru les bois sans obtenir aucun résultat, cet ours étant décidément beaucoup plus malin que nous, c’était vraiment frustrant !! Les deux jours suivants, rien ne se passa car l’ours devait probablement se reposer dans les bois et digérer tout le miel et la cire qu’il avait trouvés dans mes ruches. Sa dernière attaque eut lieu sur l’emplacement où j’avais installé ma caméra, l’endroit où j’attendais mon voleur.
    Les dommages occasionnés par sa dernière attaque furent vraiment minimes car il se borna à renverser trois ruches, l’animal étant probablement repu, il se contentait de jouer avec mes colonies. Nous n’avons jamais réussi à l’attraper ni même à l’apercevoir, mais par contre en passant devant la caméra, nous avons pu avoir une idée de la taille de l’animal en découvrant les photos quelques jours plus tard. Un énorme animal d’environ 280 livres, (aux dires du garde chasse) qui nous a fait devenir fou pendant une bonne semaine et qui était devenu expert pour découvrir mes ruches même à des kilomètres de distance.


    Cette histoire est l’exemple parfait que le vandalisme peut être l’œuvre d’un animal à 4 pattes ou d’une voiture à 4 roues, la caméra automatique étant l’outil idéal pour immortaliser l’évènement."

                                                                                                                      Pierre FAURE

------------

Voilà qui donne des idées, il se pourrait que le voleur de colonies d'abeilles qui sévit en Vendée se fasse "tirer le portrait" un de ces quatre... la chasse (photographique) est ouverte ? En tout cas merci à toi Pierre pour l'envoi de ce très intéressant récit.

pour info :
1 $ Canadien = 0,76 €
(variable)
1 pied = 0,304 mètre
1 livre Britannqique = 0,454 Kg
à vos calculatrices...

> petites et grandes histoires > les caméras automatiques : un nouvel outil pour les apiculteurs